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songeait au juste blâme que cette mystification pouvait attirer à elle et à sa fille, si un hasard la découvrait ; elle regrettait d’abuser de la bonne foi de ses convives, mais il était trop tard pour reculer.

Elle allait d’un groupe à l’autre, répondant avec préoccupation aux compliments qu’on lui adressait au sujet de Lina : « Oui, c’est une enfant fort gentille, bien qu’un peu espiègle. » Et autres banalités un peu restrictives des éloges reçus qui prêtèrent à croire, bien à tort, que Lina était peu aimée dans sa nouvelle famille.

Quant à Lina, elle jouait à merveille son rôle de sourde-muette. On félicitait sa tante Suzanne d’avoir une si charmante compagne, et elle gardait sur ses lèvres le sourire indécis des gens qui entendent parler une langue inconnue ; les compliments les plus directs ne lui arrachèrent pas la moindre émotion délatrice, et la naïve Allemagne dupa ce soir-là complétement la France.

Le dîner fut ce que sont toujours les repas qui réunissent un trop grand nombre de convives. Malgré les efforts de la, maîtresse de la maison, une conversation générale ne parvint pas à s’établir ; les beaux parleurs (il y en avait trois ou quatre) se renvoyèrent le dé de temps