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cesser de lutter contre le singulier projet de sa nièce ; l’entrée de Lina avait fait sensation, et les invités refluaient peu à peu du fond du salon vers la cheminée pour voir cette jeune parente dont ils ne s’expliquaient pas la présence à Lyon. Suzanne la leur présenta ; elle accomplit cette formalité avec un embarras qui fut interprêté diversement, car on savait qu’elle avait ramené d’Allemagne une nièce de son mari, et les uns avaient déjà supposé que la charge de Lina était pour Madame Brülher le seul bénéfice de la succession en litige, tandis que d’autres avaient prétendu que la fortune reconquise appartenait toute à cette jeune fille dont Madame Brülher ne devait avoir que la tutelle. Il est bien entendu que ces deux suppositions étaient toutes gratuites, aucun indice ne pouvant faire pencher ni vers l’une ni vers l’autre ; aussi l’embarras visible de Madame Brülher confirma dans leur manière de voir ceux qui tenaient pour la seconde alternative, tandis que les personnes bienveillantes qui s’étaient fixées à la première s’étonnaient de l’air composé de Suzanne et de l’inquiétude que Madame de Livaur ne pouvait dissimuler.

Madame de Livaur se reprochait déjà d’avoir cédé la première au caprice de Lina ; elle en redoutait le succès et surtout les conséquences, et