de graves choses et de très-pressées à vous apprendre, Suzanne.
— Sais-tu que je t’admire, Lina ! Tu as l’aplomb d’un vieux général. M. Deval et toi, vous voilà à première vue très-amis.
— Oh ! très-amis, très-amis, et j’ai de l’aplomb, parce que mon plan de bataille est décidé : mais pour être bon, il n’est pas parfait, car il a subi un échec à la première hostilité.
— Contre M. Deval ?
— Contre lui-même puisqu’il entend l’allemand, car ce soir et pendant quelque temps encore, je ne veux pas dire une syllabe française. Vous allez présenter une nièce muette par grâce d’ignorance.
— Ce n’est pas possible. Quelle figure ferais-tu ? Allons, c’est une plaisanterie.
— Une plaisanterie sérieuse, comme tant d’autres. J’ai déclaré formellement à M. Deval que je ne sais pas le français, et vous ne pouvez me démentir sous peine de me faire passer pour sotte ou folle à ses yeux.
— Mais ma mère livrera ton secret sans le vouloir.
— Non, je l’ai rencontrée et je lui ai glissé le mot d’ordre à l’oreille entre deux baisers.
En dépit d’elle-même, Madame Brülher dut