Page:Blandy - Revanche de femme 1869.djvu/268

Cette page n’a pas encore été corrigée

pour elle. Votre premier accueil a été si froid que j’aurais perdu, je ne dis pas toute espérance, vous ne m’en aviez laissé aucune, mais tout courage, si je n’avais pour vous un de ces attachements qui résistent à tout. Mais celui qui vous a gardé si longtemps son cœur n’en peut être distrait par l’enfantine beauté d’une jeune fille. Elle fera un autre heureux ; moi, je suis ce que j’étais quand, par une journée d’octobre, en vous tendant la main comme tout à l’heure pour vous aider à franchir le ravin, je vous fis comprendre tout ce que vous étiez pour moi : mon seul rêve, mon unique pensée, l’ambition de ma vie. Alors vous m’écoutiez, presque attendrie… et que vous offrais-je pourtant, sinon une passion condamnée par votre conscience et les fatalités de votre position, et maintenant que je pourrais vous parler de mon amour sans vous blesser, puisque vous êtes libre, je crains votre réponse, car vous me regardez avec un air qui m’accable et une hauteur qui me désole.

— Ainsi vous n’aimez pas Lina ?… Vous n’avez jamais songé à l’épouser ? demanda Suzanne.

— Jamais, articula Julien avec d’autant plus d’emphase qu’il avait à sauver le ridicule de ses hésitations.

— Alors, dit Suzanne sans pitié et avec une