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une sveltesse élégante au-dessus des taillis herbus. Entre les deux bois, se creuse un ravin tortueux, empierré, plein de retraites tapissées de mousses et de lichens ; pour le traverser, on s’égare dans les sentiers à peine tracés par les gardeurs de chèvres ; on se retient, sur la rapidité des pentes, aux jeunes pousses de chêne ou aux roches noires qui percent le sol çà et là, et pour peu que les promeneurs aient l’humeur gaie, ce sont, à chaque pas, des plaisanteries sans fin et de bons rires.

— Vous souvient-il, Madame, que nous avons passé par ici autrefois ? dit Julien à Suzanne en lui tendant la main pour lui faire traverser le petit ruisseau presque à sec.

— Il y a cinq ans, je crois, répondit-elle au jeune homme qui ne la quittait pas depuis le moment où on avait laissé le break à l’entrée du bois de l’Étoile.

— Et moi, j’en suis sûr, dit-il. Je n’ai rien oublié de ce temps-là ; rien ! Et il soupira mélancoliquement.

— Mais nous sommes très-en avant. Où est donc tout le monde ? dit Suzanne en tournant la tête, car ils étaient parvenus les premiers au fond du ravin.

— Assez loin, répondit Julien. Christian est