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le bras de sa tante au moment où Julien Deval arrondissait le sien pour s’en emparer.

— Suzanne, lui dit-elle, allons en avant. Il y a un petit jardinier qui monte les degrés pour recevoir un premier prix. Voyez sa figure ronde, rouge comme un raisin, et ses yeux mouillés comme le soleil au fond d’un seau, ses jambes titubantes sous l’émotion de sa première gloire. Approchons davantage pour le regarder encore.

Elle entraîna sa tante en avant, au risque de faire crier quelques commères ou de recevoir encore quelque apostrophe grossière.

— Suzanne, lui dit-elle quand elle se vit assez loin, il faut que vous donniez le coup de grâce.

— Bon ! mais à qui ?

— À mon illusion lyonnaise. Le docteur Crzeski comptait tout à l’heure avec grand’maman les prétendants à votre main, et mettait du nombre M. Deval qui m’évite depuis ce matin. Je voudrais que vous fussiez très-aimable avec lui, de manière à voir si vous êtes seulement ma tante pour lui, ou s’il vous préfère à moi.

— Et s’il donnait par hasard raison à Monsieur Crzeski, aurais-tu du chagrin ?

— Sans doute, dit Lina, mais un chagrin moindre que celui que je me préparais en continuant à me tromper. Soyez donc aimable avec