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peu aigrelettes. La jeune fille ne pouvait deviner ce revirement, mais elle vit peu à peu que Julien détonnait. Ce n’était plus l’attentif délicat et empressé des semaines passées ; point de regards lumineux, point de ces sourires dans lesquels on exprime tout ce qu’on n’ose pas dire ; un instinctif besoin de résistance faisait prendre à Julien le contre-pied de toutes les idées qu’émettait Lina. Il était trop bien élevé pour manquer de politesse envers elle ; mais s’en tenir aux strictes convenances, quand on est allé jusqu’aux douceurs vagues d’une sympathie amoureuse, c’est courir du tropique au pôle nord, et Lina avait l’âme assez sensible pour se sentir glacée. À un moment où Madame de Livaur les rejoignit, elle quitta, sous un prétexte, le bras de Julien pour aller causer avec celle qui prenait plaisir à s’entendre appeler grand’mère par cette charmante fille. Une fois délivré, Julien ne chercha pas à réclamer la faveur qu’on lui enlevait, il se faufila à travers les groupes jusqu’auprès de Suzanne, et prit part à sa conversation avec M. Vassier. Quant à Paule, Christian l’avait emmenée, comme par distraction, fort loin du reste de la compagnie. Lina resta donc près de Madame de Livaur, écoutant sa causerie avec le docteur, les quittant quand une exposi-