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avant son départ, la beauté de Suzanne était autre qu’à son retour. Elle avait autrefois un charme passionné qui lui attirait les calomnies des femmes et l’admiration des hommes ; on lui voyait maintenant avec surprise un sourire plus profond que tendre, plus railleur que gai, et l’on trouvait à ses yeux noirs une fermeté de regard et parfois une acuité inaccoutumées ; au lieu d’être noyé comme autrefois dans une fluide langueur, ce regard arrivait droit au visage de ceux à qui elle parlait, et assez fixe pour causer de l’embarras ; ses traits avaient maintenant des lignes plus nobles, mais plus hautaines. Malgré l’accueil gracieux de Madame Brülher, ses convives se tenaient sur leurs gardes, sentant bien que la femme de vingt-huit ans qu’ils revoyaient ne ressemblait pas à la femme de vingt-six qui les avait quittés et que c’était là une nouvelle connaissance à faire.

Une personne qui n’avait point changé, c’était Madame de Livaur. Elle s’empressait autour de ses invités avec sa bonhomie bienveillante, s’enquérant des événements survenus pendant son absence, et disant uniformément à ceux qui lui demandaient comment ces deux années avaient passé pour elle et sa fille.

— Nous nous ennuyions. Nous vous regret-