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rence vers la rue de l’église où fonctionnaient les pompes à eau, où se dressaient les pressoirs mécaniques, les machines à battre et à vanner, témoignant ainsi de la curiosité intelligente qu’excitent chez le peuple, accusé trop souvent de routine, les progrès scientifiques.

À peine quelques éleveurs restaient-ils à admirer vers les Trois-Renards quelques belles paires de bœufs charollais, aux flancs larges, hauts sur jambes, solides sans lourdeur, ou quelque famille porcine, monstrueuse de graisse, aux groins frémissants de gloutonnerie, à l’œil papillottant, à la voix cyniquement fêlée. Quelques autres, jardiniers ou maçons, regardaient les briques sexagonales ou côtelées et les vases de terre cuite, grands comme des futailles, qu’on fabrique à la Demi-Lune. Les paysans des coteaux voisins, qui descendent peu à Lyon, achetaient ou marchandaient des instruments aratoires. Cette foule, qui roulait ses flots bigarrés dans les quatre avenues, se démenait en tous sens, buvait aux cabarets installés en plein vent, riait, criait, causait d’affaires avec la rondeur et la haute gaieté particulières aux villageois du Lyonnais. Ils se sentaient si bien les rois de cette fête que plus d’un citadin était froissé, disons le vrai mot, bousculé sans pitié par ces