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combrée par une foule rurale, blouses et bonnets ronds, au milieu desquels apparaissaient quelques rares citadins. Une estrade en planches se dressait à un des demi-cintres de la place. Un fauteuil pour le président, des chaises de paille pour les membres du Jury la meublaient modestement ; à la cloison du fond, était adossé un buste du chef de l’État émergeant des flots tricolores d’une dizaine de drapeaux groupés en trophée ; mais l’intérêt général ne se portait pas sur l’estrade, vide en ce moment ; la foule suivait les jurés dispersés autour des lots de troupeaux, des étalages de fruits et des machines agricoles. Graves et même solennels, ces jurés, agriculteurs notables et membres du conseil municipal pour la plupart, toisaient la forte carrure des bestiaux attachés à des piquets sur la route des Trois-Renards, soupesaient les fruits exposés, pommes de calville à côtes jaunes d’or, poires monumentales dont une seule remplissait une assiette de sa rotondité pyramidale, raisins blonds ou d’un noir bleuté par ce reflet que le paysan, dans son langage naïvement poétique, appelle la fleur. Après cette longue inspection, le jury se retira pour délibérer dans la chambre commune, et la place resta livrée à la foule qui stationnait çà et là, se ruant de préfé-