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une transaction ; j’offrais moitié de la succession à Lina, à charge par elle de vivre avec moi ; M. de Heinfeld refusa net, selon les prévisions de mon avocat ; mais un mois après, mon procès était gagné. Je renouvelai mes propositions, que le conseil de famille approuva, malgré M. de Heinfeld qui voulait en appeler de la sentence de nos juges. Seul de son avis, il fut obligé de céder, et n’espérant plus rien, il me laissa Lina sans conteste. Je me trouvai donc mère d’une gentille enfant qui m’aimait déjà…

En prenant Lina, j’ai doté ma maison de la joie qui lui manquait. Ce qu’est cette enfant, je ne puis le dire ; vous croiriez à une exagération de tendresse, et que j’ai pour elle les yeux aveuglés d’une mère. Vous ne connaissez d’elle que ses talents ; ils sont médiocres comparés à la bonté éclairée de son cœur, à la juste, finesse de son esprit. Elle sait, non pas ce qu’elle vaut, mais ce que vaut une jeune fille ; même quand elle rit aux éclats, elle n’oublie pas que la vie est chose grave. Elle est tendre et ne sera jamais dupe, parce qu’elle ne s’abandonne jamais elle-même. Vous la verrez demain à l’épreuve. Je serai le juge du camp, moi. Je verrai qui de vous deux, Paule, de la femme ou de la jeune fille, saura mieux combattre dans l’intérêt de son bonheur.