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pension d’où son oncle l’a retirée à la mort de son père, et elle y donne des leçons de musique et des leçons d’allemand à des étrangers. M. de Heinfeld dissimule la position de sa nièce ; il dit, à qui fait semblant de le croire, qu’elle complète ses études ; mais chacun sait que Mademoiselle Brülher a voulu se suffire pour ne plus subir d’humiliation.

— Elle donne des-leçons d’allemand ? demandai-je, car cette histoire de Lina m’intéressait davantage en sa faveur. Trois jours après, j’étais son élève. Bien que je parlasse assez bien l’allemand, cette langue est si difficile que je pouvais me faire écolière sans invraisemblance. Je cachai mon nom à Lina, et la maîtresse de pension me garda le secret. Je pus apprécier ma nièce à loisir. Trois mois d’entrevues journalières me firent connaitre sa spirituelle candeur et cette générosité native qui la laissait sans rancune contre ses odieux parents. Elle, de son côté, si dénuée d’affection, s’attacha vite à moi. Quand je lui avouai mon nom, et rêvant un rôle de mère près d’une si charmante fille, quand je lui demandai si elle quitterait volontiers madame de Heinfeld pour moi, elle se jeta dans mes bras en pleurant de joie.

Le soir même, je fis proposer à son tuteur