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moiselle Brülher avait un mince patrimoine, car son père était un joueur déterminé ; mais il a laissé au moins de quoi défrayer la nourriture et l’entretien de sa fille, et M. Heinfeld, sans respect pour son nom, souffre que sa nièce soit maîtresse de musique dans un pensionnat.

— Quoi ! dis-je, étonnée, cette jeune personne ne demeure pas chez son tuteur ? Et son avocat parle de la tendresse, des sacrifices de son oncle pour elle !

Ce sont là des fleurs de rhétorique cicéronienne, répartit la femme de l’avocat. Je connais mieux que mon mari l’histoire de Mademoiselle Lina. Son éducation s’est terminée chez M. de Heinfeld, car elle avait treize ans lorsque son père est mort ; elle a su chez son oncle combien le pain d’une maison étrangère est amer. Les maîtres de ses trois cousines lui ont donné les mêmes leçons qu’à celles-ci, mais on n’a jamais perdu une occasion de lui laisser entendre qu’elle était élevée par charité ; elle a porté les vieilles robes de ses cousines, et elle a été à proprement parler la Cendrillon de cette famille. Un beau jour, on lui a même reproché le peu qu’on faisait pour elle, et cette enfant, qui a la fierté native des Brülher, n’a pas voulu être à charge à ses parents ; elle est rentrée dans la