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que parce qu’on m’en avait dit : c’était le beau-frère de Ludwig Brülher, un noble besoigneux, chargé de famille ; quant à sa pupille, je ne l’avais jamais vue, lorsqu’un jour, à un concert donné pour une famille nécessiteuse, j’entendis une jeune personne dont le talent me ravit ; elle joua la partie de piano dans un quatuor de Mendelssohn, et exécuta ensuite un des caprices les plus difficiles de Chopin. La diversité de ses aptitudes m’enchanta et sa modestie encore plus ; dînant le soir chez mon avocat, je parlai beaucoup de cette jeune virtuose.

— Mais c’est votre partie adverse, Mademoiselle Lina Brülher, me dit-il.

— Vous me tentez, lui répondis-je ; vous me donnez envie d’arrêter le procès ; elle est si intéressante !

— Poursuivez votre procès. Ceci n’est pas un conseil d’avocat tenant à une cause, c’est l’avis d’un honnête homme. D’abord, votre droit est certain ; ensuite, Mademoiselle Brülher ne bénéficierait pas de votre générosité. Son tuteur, M. de Heinfeld, est moins soucieux des intérêts de sa pupille que des siens. Mademoiselle Brülher a quelques années de minorité devant elle, et il ravitaillerait sa maison des fonds de cet héritage. Je n’accuse pas à la légère. Made-