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part ; elle voyait avant tout dans cette affaire un réveil de mon esprit affaissé, un moyen de m’arracher à ma morne désespérance. Enfin, quelle mère n’est ambitieuse pour sa fille ! Il est possible que le chiffre de la succession, 800,000 fr. environ, la tentât pour moi. Je dus céder à ses instances, et nous partîmes pour l’Allemagne.

À Manhein, bien que dans un pays inconnu, ma mère et moi nous ne connûmes point les ennuis du délaissement. Hermann avait quitté le pays fort jeune, mais il y avait laissé des amitiés qui vinrent nous trouver avec l’affable cordialité allemande. Le notaire me désigna le meilleur avocat de la ville. C’était un homme de bonne compagnie dont la femme me plut. Grâce à la sympathie dont j’étais entourée, je pris en patience les lenteurs du procès. Jetée dans un milieu nouveau, je fus distraite de mes chagrins en dépit de moi-même, et je repris goût à la musique dans un pays où tout le monde, jusqu’au moindre fermier, est bon musicien, mais ce ne fut qu’au commencement de la seconde année que je secouai le poids de ma douleur.

Le procès suivait son cours sans que je m’en mêlasse autrement que pour les signatures à donner. Je ne connaissais ma partie adverse