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sensation pendant six ans à Lyon, ses anciennes rivales disaient que Suzanne n’avait pu se résoudre à donner le spectacle de sa déchéance sur le théâtre de ses anciens triomphes et qu’elle s’était exilée pour toujours.

On s’était fixé généralement à cette opinion lorsque le bruit du retour de Madame Brülher se répandit ; elle-même alla bientôt après faire dans la ville l’indispensable tournée de visites que lui imposait sa qualité de nouvelle arrivée ; mais à cette époque de l’année, la villégiature commençait à disperser la société lyonnaise. Madame de Livaur et sa fille trouvèrent peu de monde, et pour satisfaire aux désirs de sa mère qui s’accommodait mal de sa solitude à Sainte-Foy, Madame Brülher avait envoyé aux personnes de sa connaissance dont les maisons de campagne étaient situées à Sainte-Foy, à Sainte-Irénée et au Point-du-Jour, cette invitation à dîner à laquelle nul convive ne manquait, contre l’habitude.

On s’accorda pour trouver Suzanne très-changée. Ce n’est pas qu’elle eût vieilli en Allemagne ; la vie qu’elle y avait menée entre les mémoires d’avocats et les considérants des tribunaux civils n’étant guère propre à émouvoir et, par conséquent, à altérer les traits. Mais