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Je passai près de lui la veillée mortuaire.

On ne connaît le sérieux de la vie, ma chère Paule, que lorsqu’on a passé une de ces nuits solennelles, lorsqu’on a senti une part de sa vie s’en aller dans la tombe. Au contact de ce front de marbre, hier vivant, à la vue de ces yeux sans lumière, de ces lèvres inertes d’où s’est envolé le dernier souffle, combien petites et viles semblent les agitations dans lesquelles on use l’existence ! Quel sévère examen du passé ! Quels remords pour le bien qu’on a négligé de faire au cher mort ! Comme on redoute que, du sein de son immortalité nouvelle, il ne pénètre le secret de nos défaillances ! Dans cette nuit, j’eusse acheté du reste de ma vie le droit de pleurer Hermann en épouse fidèle, et non en adultère repentante.

Vous êtes attendrie ! merci de ces bonnes larmes qui répondent aux miennes. Pardonnez-moi si je m’étends sur ses souvenirs sinistres, mais sacrés. Vous comprenez maintenant que j’aie le droit de vous conseiller la vertu, ayant souffert de tant de manières pour avoir failli. Ah ! Paule, gardez votre foi à votre mari, pour pouvoir, sans courber la tête, l’assister dans ses moments d’épreuve. Ne connaissez jamais le supplice de paraître généreuse quand on ne fait