Page:Blandy - Revanche de femme 1869.djvu/246

Cette page n’a pas encore été corrigée

— S’il avait besoin de moi, serais-je ici ? me répondit-elle d’une voix déchirante. Mort ! mort le premier, le cher innocent ! Ah ! vous êtes bien vengée, Madame !

— Vengée ! pauvre femme, lui dis-je. Vous me croyez assez méchante pour souhaiter des vengeances si cruelles !

Nous pleurâmes toutes les deux, les mains dans les mains, devant Ottfried stupéfait et désolé.

Le jour venu, dans un des courts moments de répit que lui laissaient ses horribles souffrances, Hermann me fit sa confession en peu de mots ; je compris, à une inquiétude qu’il osait à peine manifester, qu’il étàit préoccupé du sort futur de Rosa et de son enfant. La première, je lui parlai de testament, cette offre le tranquillisa. Une heure après, en présence du docteur Crzeski et de trois autres amis appelés comme témoins, il dicta ses volontés au notaire ; elles étaient aussi courtes que formelles : il m’instituait son héritière universelle. J’attendais d’autres clauses. Il dit que tout se bornait là ; mais il ajouta en me lançant un regard confiant et attendri :

— Tu comprends, Suzanne !

Ce furent, hélas ! ses dernières paroles. Le délire le gagna et ne le quitta plus. Le soir, après une agonie affreuse, il expira…