Page:Blandy - Revanche de femme 1869.djvu/244

Cette page n’a pas encore été corrigée

conjugal, car son premier mouvement, quand elle revint à elle, fut de tomber encore à mes genoux en me demandant pardon. Je ne sais ce que je lui dis, ni ce qu’elle me répondit. Tout était douleur entre nous, au point que les délicatesses de notre position respective avaient disparu ; il n’y avait plus dans cette chambre une épouse outragée, une maîtresse audacieuse ; nous n’étions que deux pauvres femmes unies par un commun désespoir. Nous pûmes bientôt nous rapprocher du lit d’Hermann sans que notre présence le troublât davantage ; le délire l’avait saisi par ma faute. Ma brusque irruption dans sa chambre avait porté un coup funeste à son cerveau endolori, et il se débattit pendant une heure entre nos bras. Enfin il s’assoupit, excédé par la violence même de son mal ; quand il rouvrit les yeux, j’étais à son chevet, tenant sa main droite, et Rosa, dans la ruelle, essuyait les gouttes de sueur glacée qui perlaient sur le front du malade. Il nous regarda toutes les deux ; une rougeur passa sur sa face contractée et il murmura :

— Je rêve !

— Alors rêvez, lui dis-je. Nous veillerons toutes deux sur votre sommeil.

— Toutes deux ! dit-il. C’est donc vrai ! et