Page:Blandy - Revanche de femme 1869.djvu/242

Cette page n’a pas encore été corrigée

le cheval attelé à un anneau du mur, elle parcourut le vestibule d’un pas égaré. Cette grande ombre qui flottait dans l’obscurité, à quelques pas de moi, c’était ma rivale, c’était la maîtresse de mon mari, et moi qui l’introduisais dans la maison conjugale, moi qui avais tant souffert par elle, je ne sentis qu’une immense pitié en l’en- tendant sangloter et murmurer tout bas : « Mon Dieu !… mon Dieu !… mon Dieu !… »

Cette prière indistincte qu’elle répétait sans en avoir conscience, sa démarche brisée, sa respiration oppressée me prouvaient que cette femme aimait Hermann. Beaucoup dans sa position équivoque jouent la comédie du sentiment ; mais celle-là sentait ce que tant d’autres feignent, et moi l’épouse outragée, je dus pardonner à l’instant à cette immense douleur. Ottfried la rejoignit. Ce ne fut pas lui qui la guida dans l’escalier obscur ; elle l’entraîna plutôt, se plaignant qu’il n’allât pas assez vite, tandis que c’étaient ses pieds, à elle, pauvre créature, qui se dérobaient à chaque pas.

Je respectai cette entrevue suprême. J’allai m’agenouiller dans le cabinet de toilette et je priai Dieu de faire un miracle pour sauver mon mari. Dans mon effusion, je n’oubliai rien de ce qui lui était cher, je priai pour son fils aussi.