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Non, Paule, l’accusation portée par le souverain juge devant les générations de tant de siècles ne me terrassera pas comme le fit cet éloge d’un mourant abusé. Mon âme se tordit sous sa confusion. N’eût été l’effroi de hâter la mort d’Hermann, je lui aurais fait un aveu. Mais, puisque je n’avais pas su lui faire une vie heureuse, il fallait au moins respecter l’illusion de ses derniers moments. D’ailleurs, si mon mari s’excusait devant moi, ce n’était là que le cri de sa conscience ; le cri de son cœur s’adressait à la femme qui venait à lui dans ce moment, et il ne l’oubliait pas dans cet épanchement qui liait nos mains et nos larmes. Son oreille tendue percevait les moindres bruits du dehors. Il me disait parfois :

— Quelle heure est-il ?… si tard… il passe des voitures… Il faut vous reposer, Suzanne !

Quand j’entendis ouvrir la grille, je feignis de céder à ses instances et je me retirai ; mais au lieu de gagner ma chambre, je descendis au rez-de-chaussée et je me cachai dans le coin obscur de l’escalier ; les lampes s’étaient éteintes dans le désarroi de la maison. J’étais amenée là par le désir de voir Rosa Rentz. Elle entra la première, affrontant les ténèbres d’une maison inconnue ; laissée seule par Ottfried, qui attachait