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nouillai devant le lit d’Hermann, comptant en silence les instants qui avançaient la consolation que je lui préparais.

— C’est bien triste, tout ceci ! me dit-il avec effort en sentant sa main mouillée par mes larmes et en me parlant par syllabes entrecoupées. Jene vous ai pas rendue… heureuse. Pauvre Suzanne !… pauvre Suzanne !… et vous pleurez !…

— Je pleure parce que je me dis avec plus de raison que je n’ai rien fait pour votre bonheur, Hermann ! lui répondis-je.

Je dus cesser bientôt cette conversation qui fatiguait le cher blessé. Au milieu de ses tortures physiques, sous le coup d’une mort soudaine qui l’arrachait à Rosa et à son fils, il savait souffrir encore pour moi et se faire un remords qui ajoutait sa morsure aiguë aux frissonnements de sa chair déchirée. Je l’exhortai au calme ; je lui parlai d’espoir. Je lui jurai qu’il n’avait pas un tort envers moi. J’aurais voulu éteindre ses regrets, pouvoir lui dire que j’avais imité sa faute. Rien au monde ne me sera aussi cruel que la sensation de honte que je ressentis lorsqu’il me répéta faiblement :

— Pauvre Suzanne ! je ne mérite pas… ta générosité. Pauvre Suzanne !… si méconnue !… si bonne… si vertueuse !…