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L’on s’intéresse, aux questions dont on fait son unique affaire, en dehors même de toute pensée personnelle. Il était donc naturel que les convives de madame Brülher fussent piqués de curiosité à son sujet. Deux ans auparavant, lorsque son mari, riche banquier de Lyon, était mort subitement d’un accident de voiture, mille bruits fâcheux avaient couru à l’occasion de ce malheur. On était allé jusqu’à dire que cette catastrophe n’était qu’un suicide habilement mis en scène, et causé par des désastres de Bourse.

Quand les premiers temps du deuil furent passés, Madame Brülher partit avec sa mère, Madame de Livaur, pour aller soutenir en Allemagne un procès que lui intentait la famille de son mari. On n’avait donc rien su à Lyon de ses arrangements d’intérêt, et la curiosité avait été tenue en suspens, car Suzanne et sa mère s’étaient abstenues de toutes confidences à ce sujet dans leurs correspondances avec leurs intimes. Plusieurs personnes les avaient crues ruinées ; d’autres, plus bienveillantes, avaient remarqué que leur maison de la place Napoléon et la villa de Sainte-Foy n’avaient pas été vendues ; puis, faute d’aliment, la discussion s’était arrêtée là, et lorsque la conversation tombait sur Madame Brülher, dont l’élégance et la beauté avaient fait