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que seule près du blessé ; ma mère s’était retirée ; le chirurgien sommeillait sur un canapé du salon voisin ; Ottfried, qui ne quittait pas son maitre, venait de quart d’heure en quart d’heure se placer quelques minutes au pied de son lit sans essuyer de grosses larmes qui coulaient le long de ses joues et qui provoquaient aussi les miennes, car j’étais à bout de courage. Tout à coup Hermann fit un mouvement, suivi de plaintes indistinctes ; son œil voilé distingua Ottfried, et il lui cria d’une voix étranglée, mais précise, dont je n’oublierai jamais l’accent :

— L’enfant !… Comment va… l’enfant ?

Ottfried recula épouvanté. Tout son sang monta à sa face à cette question délatrice ; Hermann ne me voyait pas, cachée que j’étais par le rideau baissé. Je mis mon doigt sur mes lèvres, fis signe à Ottfried de sortir, et je quittai la chambre d’un autre côté sans faire le moindre bruit. Le valet et moi, nous nous retrouvâmes dans le cabinet de toilette.

— Vous allez rentrer auprès de Monsieur, lui dis-je. Vous lui répondrez que l’enfant va bien, qu’il ne doit s’inquiéter de rien. Quand vous l’aurez rassuré sans lui dire que j’étais dans la chambre tout à l’heure, vous viendrez me retrouver ici : j’ai à vous parler.