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m’expliquer maintenant quelle énergie soutint mon cœur plus saignant que les blessures d’Hermann pendant cette heure épouvantable. À la nuit, les chirurgiens les plus célèbres de Lyon arrivèrent, et ma mère avec eux ; elle voulut me soustraire au désolant spectacle dont je repaissais ma douleur ; elle essaya de m’arracher à cette chambre dont j’étais depuis si longtemps exilée ; mais j’affirmai mes droits autant que mon devoir, et je restai. Hermann m’appartenait désormais. Je pouvais me résigner à n’être que l’amie de l’homme heureux ; j’étais la femme du malheureux blessé, et je ne quittai pas son chevet.

La consultation des trois médecins ne fut pas longue. Mon mari était condamné. Épargnez-moi des explications pénibles qui renouvellent de si déchirants souvenirs. Voyant leur science inutile, les chirurgiens eurent du moins la charité de lui épargner de nouvelles souffrances ; ils ne tentèrent aucun moyen d’arracher Hermann à la prostration dans laquelle il gisait, et un d’eux resta afin de veiller aux incidents possibles d’une agonie inévitable, hélas ! L’avis des médecins était qu’une mort prompte serait le dénoûment le moins terrible. Cette lamentable espérance ne se réalisa pas. Vers onze heures, j’étais pres-