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projetée ; une affaire indispensable l’appelait à Lyon ; il me promettait d’être de retour avant deux heures.

Il revint bien avant ce temps, ma chère Paule, mais dans quel horrible état !… Des soldats du fort de Saint-Irénée me rapportèrent ce pauvre ami sur un brancard, la tête ouverte, la poitrine sanglante, les jambes broyées. Dans la hâte fiévreuse qui le poussait vers Lyon, il avait lancé les chevaux au grand trot sur la descente dangereuse des Génovéfains, et je ne sais quel choc, quel obstacle brisèrent la frêle voiture et précipitèrent Hermann sous les pieds de son attelage. À peine me reconnut-il. Le chirurgien militaire du fort, averti par les soldats qui avaient vu l’affreux malheur, accourut presqu’en même temps qu’eux ; il visita les blessures, donna les premiers soins, et je l’aidai dans sa triste mission. Je ne m’étais pas évanouie en voyant mon pauvre Hermann. À ma question désespérée : « Vit-il encore ? » les soldats ayant répondu affirmativement, je m’interdis par un effort de courage les exclamations de douleur qui pouvaient être funestes à mon mari. D’une main tremblante, mais crispée, je tendais les bandages au chirurgien ; je trouvais, sans perdre la tête, les objets qu’il me demandait. Je ne puis