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la moindre lande inculte, et dans les deux œuvres, quelle belle floraison est le prix d’un véritable effort !

J’avais donc renouvelé mon cœur ; mais n’allez pas croire que je fusse devenue austère ou insensible. Pour renoncer aux passions mauvaises, on n’abdique aucun des enthousiasmes permis, et ceux-là suffisent à l’enchantement de l’existence. Quand le printemps me ramena à Sainte-Foy, je jouis complétement du renouveau de l’année. Mon œil, autrefois distrait, sut voir la fête du paysage rajeuni sous les effluves rayonnantes du soleil de mai ; je m’enivrai de parfums printaniers ; je vis dans ce tendre épanouissement de la végétation une image de la renaissance de mon âme, et tout mon être, à l’unisson de cette fraîche nature, chanta comme elle l’hymne de foi et d’amour au créateur.

Les lois terribles de la destinée qui abattent sous les orages les floraisons nouvelles et les espérances confiantes vinrent me frapper au sein de ce calme bienfaisant. Un soir de mai, M. Brülher était assis après dîner sur la terrasse avec moi ; il n’était pas allé à Lyon dans la journée ; nous l’avions passée en tête-à-tête à méditer un plan d’embellissement pour notre maison de Sainte-Foy ; mis en belle humeur