Page:Blandy - Revanche de femme 1869.djvu/232

Cette page n’a pas encore été corrigée

Hermann sentit le prix de ma tacite indulgence, et il m’en récompensa par des égards nouveaux. En reconquérant son estime, je retrouvai une partie de la mienne. Loin de m’absorber dans mon repentir pour mes fautes passées, je chassai le souvenir de ces erreurs et m’efforçai de me faire un cœur nouveau, puisque je m’étais fait une nouvelle vie. J’y réussis, et je compris alors que cette parole du prophète-roi : « Seigneur, renouvelez mon cœur, » est plus qu’un élan poétique ; elle exprime un vœu dont la réalisation possible détruit les idées fatalistes par lesquelles on s’encourage à la lâcheté.

Voyez, Paule, quelle inconséquence ! L’on apprend chaque jour à dompter les forces vives de la nature ; on tire des ténèbres de la mine de houille, le diamant et la lumière ; on supprime les distances ; on fait esclaves les puissances matérielles qui oppriment l’humanité et ; dominant ainsi la masse inerte et brute, on n’ose pas s’attaquer aux énergies morales, à ces monstres intérieurs qui nous dévorent et on subit leur tyrannie, croyant toute révolte contre eux inutile. Que faut-il pour les subjuguer ? Le vouloir sérieusement, obstinément. Il est plus facile même et plus profitable de cultiver le champ de son intelligence et de son âme que de défricher