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Deval ; je paye à son compte ce que je devrais subir d’une autre part. Le monde n’est ni si méchant ni si acharné que vous le pensez, et il absout facilement les femmes qui viennent à résipiscence. Je ne fus jamais si fêtée que l’hiver dont je vous parle. Lasse des vains succès de toilette, je hantai moins les réunions dansantes, et je fus assidue dans ces quelques salons lyonnais qui conservent les traditions de bonne compagnie de l’ancienne conversation française, et qui s’intéressent aux arts.

L’hiver se passa vite. Ma solitude intérieure s’était peu modifiée ; M. Brülher était plus que jamais attaché à Rosa Rentz, mais le sentiment de ma faute me rendait désormais indulgente ; je ne lançais plus, comme autrefois, de ces mots à double entente dans lesquels perçait ma jalousie. Acceptant ma situation de femme abandonnée, je m’étais si franchement établie dans mon rôle amical vis-à-vis de lui qu’il me sut gré de ma transformation. Quand par hasard il ne me venait personne le soir, il me sacrifiait sa visite habituelle à Rosa, et nous passions quelques heures à causer agréablement. J’étais heureuse de lui prouver que je n’étais plus la pensionnaire revêche dont il s’était éloigné ; mais il n’y avait aucune coquetterie dans ce plaisir.