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prenons pour la plus radieuse lumière, et à laquelle nous venons brûler nos pauvres ailes. Quand, au contraire, nos yeux s’habituent à un horizon plus étendu, tout reprend sa véritable place. L’intérêt de l’éphémère diminue, et celui de l’éternel grandit d’autant. Alors on porte ses adorations à ce qui les mérite, et l’on sait où étancher cette soif d’infini qui est le mal humain. Est-ce le mal de notre nature ? non, croyez-le, c’est plutôt le signe de sa grandeur.

À qui s’élève à ces hauteurs, tout devient facile dans la vie. Les malheurs peuvent venir, on sait à quelle source vivifiante on puisera la force de les supporter. Combien au-dessous de soi l’on voit les misérables chaînes dans lesquelles les femmes oisives se débattent. Mais par amour de l’art, je n’entends pas ce banal dilettantisme qui fait applaudir un virtuose ou louer un tableau de maître, il n’y a de femme véritablement sauvée d’elle-même par l’art que celle qui le pratique, ne sût-elle que crayonner un paysage, jouer quelques sonates, ou faire de la littérature pour aider à l’éducation de sa fille.

Quand j’eus compris la révolution que le hasard avait produite en moi, je ne désespérai plus