Page:Blandy - Revanche de femme 1869.djvu/227

Cette page n’a pas encore été corrigée

plus amples. Rien n’aurait eu sans doute un sens bien net pour un auditeur, et je fis à coup sûr des fautes contre la grammaire harmonique, mais je ne me lassai point d’exercer mon nouveau talent, heureuse d’avoir trouvé un aliment pour mon activité.

On dit les arts créés pour la joie de l’esprit humain. Sans nier qu’ils aient cette fin, j’ajoute qu’ils sont faits pour sauver la vertu des femmes. Bien qu’ils servent à la démoralisation générale, cette déviation de leur principe n’empêche point celui-ci d’être foncièrement bon. Les femmes ont une richesse d’imagination, une surabondance de cœur qui exigent impérieusement un emploi ; la raison pure a des sécheresses auxquelles il leur est impossible de se soumettre sans regrets Ce que seraient les femmes avec un autre système d’éducation, je l’ignore, mais telles que nous sommes, avec des facultés morales trop développées, nous ne pouvons rétablir l’équilibre qu’en éveillant le jeu des facultés intellectuelles. Ce qui nous perd, c’est la rêverie à vide, c’est la petitesse du cercle d’idées que nous parcourons en tous sens, sans rien voir au delà. Nous sommes des papillons nocturnes ignorant le grand soleil de l’art, admirant une méchante petite lueur que nous