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dire vous consolera, et cependant ce que je vous ai conté n’approche pas du deuil qui assombrit la fin de mon récit. Mais Dieu tire du plus grand mal le plus grand bien ; je vous ai fait mes premières confidences avec amertume, et pourtant aucun fait sinistre ne s’est placé dans cette partie de ma vie. Je vais maintenant vous parler de réels malheurs ; ce sera avec respect et recueillement. Qui parle de ses fautes en sent fermenter encore le levain vicieux et aigri ; qui dit le regret et l’expiation, sent monter jusqu’à ses lèvres le parfum des bonnes inspirations. Puisque vous savez comment j’ai failli, écoutez comment je me suis relevée :

Il est superflu de vous peindre l’âpre révolte de mon âme contre la misérable déception au-devant de laquelle j’avais couru. Je n’avais pas même la ressource de me réfugier dans le for intérieur de ma fierté ; elle aussi avait été atteinte par le ridicule. Le résultat de ma chevaleresque équipée me prouvait le néant de l’amour de Christian. Il m’aimait cependant à sa façon ; mais il me donnait la réplique à peu près comme Dulcinée l’eût donnée à don Quichotte, et si mon cerveau avait besoin de quelques grains d’ellébore, je n’étais pas assez folle pour me leurrer complétement à l’exemple du mélancolique héros de Cervantes.