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Le vieux Monsieur qui sautille à côté d’elle, comme si le sable de l’allée lui coupait les pieds, c’est M. Chainay, un savant, grand musicien à ses heures perdues.

— Ah !… j’aurai donc des intelligences dans le camp ennemi si celui-là est musicien !

— Oui, Lina. Cette belle dame, en robe rose, est une de nos élégantes Lyonnaises, Madame Paule Vassier ; nulle ne sait mieux qu’elle la mode de demain ; nulle ne juge plus sévèrement les anachronismes de costume et les fautes de goût. Ne lui parle que de chiffons, si tu veux qu’elle t’écoute et ne bâille pas en l’entendant discuter la coupe d’un corsage et la disposition d’une garniture ; elle te croirait sans esprit.

— Et ces trois messieurs qui l’entourent ?

— Ils font nombre et ne méritent pas une mention particulière. Quant à la dame en noir qui marche à leur droite et dont les repentirs blonds se meuvent avec la régularité d’un balancier de pendule, elle va t’accabler de caresses et te jurer, à première vue, qu’elle t’adore. C’est Madame Demaux, une dévote doucereuse et curieuse, aussi insinuante qu’une couleuvre et pas tout à fait aussi inoffensive.

— Suzanne, vous m’effrayez avec vos petits portraits. Suzanne, je comprends l’effroi des