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moqueur. Ainsi donc ma tante a chance de voir sa statue sur une des places de Lyon. Quel honneur pour elle !

— Et comment ? demanda Julien jeté à cent lieues de la conversation par cette saillie.

— Croyez-vous, répondit Lina, qu’en me faisant visiter les curiosités de votre ville, on ait oublié de me montrer l’homme de la roche ? J’ai fait mon pélerinage au quai de Saône. J’ai vu sa statue colossale dans sa niche de rochers couverts de lierre ; en ma qualité de fille sans dot, je devais aller saluer ce bon Lyonnais qui a doté tant de vos pauvres compatriotes. Je gage que ce monument ne lui a pas été élevé par leur reconnaissance. Peut-être sont elles venues souvent pleurer les déceptions de leur ménage dues à cette bourse que son geste leur tend ; heureusement cette bourse est maintenant de pierre et le bonhomme ne me l’a pas jetée. Du reste, je ne l’eusse point ramassée. Mais je ris à la pensée que Suzanne ferait le pendant de l’homme de la roche si elle me dotait. Je lui épargnerai ce ridicule et à moi ce péril ; mais je n’ai pas besoin de me défendre de sa générosité ; elle partage ma façon de voir et ne fera pas de ma fortune un appât qui attirerait les gens intéressés.