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dévouement mieux récompensé que celui d’une mère ! L’amant le plus passionné a ses moments d’humeur et de distraction. Il aura vu hier une femme plus belle ou plus piquante et il y rêvera ; il sera ambitieux, ou joueur, ou… chasseur. Mille choses l’arrachent à son amour. Un enfant, à l’âge de votre fille surtout, est tout à sa mère. N’avez-vous jamais admiré ce divin mystère du sang et de l’âme, qui ramène à chaque instant ces chères créatures au giron maternel ? Elles s’y jettent avec abandon, avec foi. Leur mère est plus que leur initiatrice à la vie : elle est la création tout entière. C’est par l’intermédiaire de la mère et en sa faveur que le père obtient des caresses ; l’adolescent lui appartiendra plus tard : l’enfant ne le connaît pas. Quel amour ne rêve cette possession complète, infinie, et quel autre le donne à ce point ! Lina, ma fille d’adoption, n’a pu me faire connaître ces premiers bonheurs, les plus délicieux, mais d’après ce que j’éprouve dans nos effusions de tendresse, je sens que le seul grand amour pour une femme, celui auquel la nature l’a prédestinée, et qui peut se promettre l’éternité, c’est l’amour de ses enfants… Je comprends l’objection que vous pourriez me faire. S’absorber dans l’enfant, c’est s’annihiler,