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des Dombes, sacrifiez-moi vos goûts. Je verrai alors que vous m’aimez mieux que tout au monde, et je serai mieux disposée à vous faire à mon tour les sacrifices que vous me demandez. » Je ne suis par bien variée dans mes moyens de défense, ma chère Paule, mais je les crois bons : voilà l’excuse de mon manque d’invention.

— Et s’il accepte ?… murmura Paule en rougissant.

Suzanne réprima à grand’peine un sourire pour ne pas blesser son amie. Si elle lui don- nait ce conseil, c’est que son opinion était faite.

— S’il n’accepte pas, lui répondit-elle bravement après un instant de silence, je me charge de vous trouver un amour digne de vous. Et pour ne vous dire qu’un seul mot à ce sujet, pour ne vous faire entrevoir qu’une seule des affections qui pourraient remplir votre vie, j’ajoute que votre fille est dans son droit lorsqu’elle aime sa nourrice à votre détriment. La vraie mère n’est pas celle qui enfante, mais celle qui donne le jour et la nuit, avec le lait de son sein, le rayon vigilant de son regard. Au fond, ma chère Paule, qu’est-ce que le besoin d’aimer ? C’est le besoin de se dévouer, et quel