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besoin de moi ? Je suis à vous, sachez-le bien.

— Il y a, répondit Paule avec effort, que je suis une femme lâche et que vous allez mépriser ma faiblesse. Je venais abdiquer dans vos mains toute initiative, vous prier, parce que je me crains, de penser et d’agir à ma place, et voilà que je ne puis être un quart d’heure auprès de Christian sans me trahir.

— Vous avez donc consenti à le revoir après le jour où sa hardiesse vous a donné le courage de lui demander vos lettres ?

Paule raconta la rencontre qu’elle venait de faire, les deux amies en commentèrent les circonstances, et comprirent que les moyens en avaient été prémédités par Julien Deval. Suzanne la première reconnut le génie de l’avocat dans la tactique habile qui avait ménagé toutes les conditions de ce tête-à-tête, et elles trouvèrent le rôle de Julien odieux. Plus jeune que Suzanne, Paule s’indigna quand son amie ne fit que sourire de pitié. Elle ne pardonna pas à Christian d’avoir livré le secret de sa faiblesse pour lui, car, semblable à toutes les femmes éprises, elle croyait cacher son amour aux indifférents.

« Suzanne, dit-elle à son amie, je venais vous dire les efforts que j’ai tentés, mes objections