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les roues de la calèche, et le jeune homme se penchait presque à l’oreille de Paule. En la voyant s’établir dans son coin d’un air boudeur, Christian sentit se dissiper son énergie d’emprunt, et il ne sut comment renouer la conversation. Par bonheur pour son embarras, Kruk était impatienté du pas trop lent auquel son maître le contraignait. Tant que Christian avait parlé à Madame Vassier, Kruk, savamment maintenu, avait obéi à la main de son cavalier avec l’intelligence soumise des animaux favoris ; mais quand le découragement détendit l’effort de Christian, Kruk se dédommagea d’avoir rongé son frein en faisant des voltes effrénées devant la calèche. D’un mot, le cavalier eût pu arrêter le cheval, mais il le laissait bondir follement, parce que ce mouvement désordonné le calmait, lui aussi. Il n’est pas même sûr qu’il n’excitât pas Kruk au lieu de l’apaiser ; il était aise peut-être d’effrayer la jeune femme. Il y a toujours un peu de comédie dans les actions les plus spontanées des gens amoureux. Si telle était l’intention de Christian, elle réussit à merveille, car Paule s’alarma de l’emportement de Kruk, qui faisait se cabrer par sympathie chevaline l’attelage de la calèche. Elle regardait en tremblant Christian, qui riait d’un rire nerveux,