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menton s’accusait trop dédaigneusement, et le dessin de sa bouche manquait de correction ; mais son air était d’un gentilhomme. Un descendant de vieille race guerrière pouvait seul dompter d’une main presque féminine l’impatiente monture qu’il maintenait au petit pas auprès de la calèche ; un noble Slave pouvait seul avoir un regard aussi doux dans une figure anguleuse et heurtée, et le phrénologiste le plus impitoyable eût oublié la petitesse significative de la tête de Christian, en faveur du charme rêveur de sa physionomie.

Malgré ses résolutions conquérantes, ce fut avec timidité que le jeune homme aborda Madame Vassier. Plus habile, il se serait aperçu que le moment était heureux pour lui ; mais il débuta par une maladresse en faisant entendre que cette rencontre n’avait rien d’imprévu.

La jeune femme s’offensa d’autant plus de l’air triomphant de Christian qu’elle venait de retomber dans son péché d’amour pour lui ; le ton avec lequel il s’était vanté de l’avoir suivie, son oubli des derniers torts qu’il avait eus envers elle, la choquèrent dans sa dignité. Elle lui répondit à peine, alléguant qu’il était impossible de causer ainsi à distance. Le prétexte était mauvais, car Kruk, le cheval de Christian, rasait