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en Allemagne, dans ce pays de la bonne foi où chacun peut être soi-même et gagne à rester une personnalité ; nous sommes en France, et en France, une femme, et à plus forte raison une jeune fille, ne peut se permettre de montrer trop vivement son caractère et ses impressions. On t’étudiera ce soir ; je n’ose dire : on t’espionnera, et pourtant ce mot ne serait peut-être pas trop fort ; mon retour éveille la curiosité ; on cherchera à deviner pourquoi et comment je t’ai amenée ici. Le monde juge du premier coup, et si tu veux lui plaire, il faut suivre le programme que je t’ai tracé.

— Suzanne, vos avis vont me rendre timide et plus embarrassée qu’un enfant de dix ans. Je ne vais savoir ni parler, ni marcher, ni même respirer devant vos Lyonnais. Ah ! ce n’est plus là ma bonne Allemagne !

— Regrettes-tu de l’avoir quittée ? lui demanda la jeune femme avec émotion.

— Non, puisque je suis avec vous ; mais si tout ce monde est malveillant, mérite-t-il qu’on lui fasse le sacrifice de sa franchise ? S’il faut acheter ses faveurs si cher, comment pouvez-vous l’aimer, Suzanne, et que sommes-nous venues faire ici ?

— Oui répéta la jeune femme avec mélancolie,