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cieuse envers les femmes, que Christian écouta avec ce sourire de naïve admiration par lequel les gens faibles saluent la supériorité des hommes forts ; mais si les idées se communiquent, le caractère est pénétré par elles à la façon dont un miroir réfléchit les objets, c’est-à-dire d’une manière fugitive. Les conseils ne réveillent en nous que la force latente qui y gît ils ne peuvent l’y créer.

S’il était difficile à Christian de sortir de son caractère, il lui était plus aisé de mettre en pratique certaines autres instructions de l’avocat. C’est ainsi qu’il garda, à son instigation, les lettres de Madame Vassier. Julien lui fit entendre que son succès tenait peut-être à la possession de ces quelques billets. Une femme engagée est à demi vaincue, et lui restituer les preuves de sa faiblesse, c’est lui rendre son libre arbitre. Si Christian ne devint pas un Machiavel au petit pied à l’école de Julien ; c’est qu’il n’avait ni la pensée assez alerte, ni le jugement assez profond pour suivre les raisonnements retors de l’avocat. Après avoir écouté ses avis, Christian voulut faire à son tour acte d’amitié en s’intéressant aux affaires de Julien et il lui demanda où il en était lui-même.

— Et où puis-je en être, répondit le jeune "homme, sinon aux regards, aux sourires inno-