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avantages extérieurs ? Les romans parlent bien d’attraits irrésistibles, irraisonnés. C’est ce qu’ils nomment, je crois, la poésie de l’amour. Je dis que c’en est la folie.

— Je ne te blâme pas, Lina ; je constate au contraire en toi, avec plaisir, l’union si rare de deux qualités qui s’excluent d’habitude : la ten- dresse du cœur et le bon sens critique. Mais comment vas-tu étudier M. Deval ?

— Oh ! de cent façons. Vous qui le connaissez depuis longtemps, vous ne me refuserez pas votre aide. Dites-moi, ne ressemble-t-il pas à sa sœur ? car c’est là ma grande crainte. Est-ce un homme dont une femme puisse être fière ? On lui accorde du talent ; mais l’emploie-t-il bien ? Il cause agréablement ; mais n’y a-t-il pas un peu d’apprêt dans sa manière de s’exprimer et ne faut-il pas souvent conclure d’une prétention de l’esprit à un manque de franchise du cœur ? Enfin, et c’est la grande question, est-il bon ? Répondez-moi, Suzanne, je vous prie.

— C’est difficile, mon enfant, répondit la jeune femme embarrassée par la multitude d’interrogations qui l’assaillaient. Les jugements personnels sont sujets à erreur. J’ai perdu M. Deval de vue pendant deux ans et son caractère a pu subir de grandes modifications. Il