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je tenterai sur lui une épreuve de huit jours.

— Et en quoi consiste cette épreuve ? demanda Suzanne avec curiosité.

— Fiez-vous à moi, Suzanne ; j’agirai avec prudence et surtout avec gravité. Le bonheur du ménage est la seule affaire sérieuse d’une femme, puisqu’elle décide de l’avenir d’une famille entière et non pas seulement du sien. J’étudierai M. Deval, j’épierai ses moindres paroles, et si ies préventions en sa faveur ne sont pas justifiées, je m’interdirai de penser à lui.

— Quelles singulières natures que les natures allemandes ! dit Madame Brülher. Comment faites-vous pour allier une raison si positive à votre amour du romanesque ? Tu parles de renoncer à Julien aussi facilement que si ton cœur n’était pas en jeu. Te plaît-il assez peu pour que tu puisses te promettre de deviner ses défauts, en admettant qu’il en aie ?

— Admettons-le, tout de suite, répliqua la jeune fille en riant. La question est de savoir si ses imperfections s’harmonisent avec les miennes. Je ne conçois pas que vous blâmiez ce que vous nommez ma raison. M. Deval est bien de sa personne ; mais me supposez-vous assez sotte pour être complètement séduite par ses