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— Ah ! ma pauvre enfant, s’écria Madame Brülher, reviens de tes idées allemandes. Si tu te maries ici, il faudra te soumettre à la mode française qui n’admet pas de si longs préliminaires. Il te serait impossible de trouver un autre mari si, après avoir été admis au titre de prétendant à ta main, pendant trois mois seulement, M. Deval renonçait à toi sous un prétexte quelconque ou si tu rompais avec lui.

— Il faut donc épouser un inconnu ! dit Lina qui ne goûta pas les raisons par lesquelles sa tante justifiait nos coutumes matrimoniales. Peut-on en quelques jours décider de toute sa vie ? C’est agir en aveugle.

— Eh ! répondit Suzanne, on l’a dit dès longtemps : Le mariage est une loterie !

— En France, riposta Lina vivement. Quand nous nous trompons, en Allemagne, dans le choix d’un mari, nous n’avons que nous à blâmer, puisque l’usage nous permet d’étudier le caractère de l’homme que nous épousons. Vous ne pourrez, me faire naturaliser Française si vite, Suzanne. Le fond germanique subsistera toujours en moi ; mais, pour vous plaire, j’essaierai de l’accommoder au goût de votre pays. Au lieu de mettre un an à deviner les sentiments et les idées de M. Deval,