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tronesse peu en harmonie avec ses penchants et ses goûts. Je ne sais pas en quoi Madame Vassier se montre indigne de participer à une œuvre de charité, répondit Suzanne. Il y a beaucoup de degrés dans la perfection chrétienne. Pourquoi décourager les personnes qui n’arrivent pas à la perfection que nous admirons en vous, Madame ? Et je suis résolue, pour ma part, de ne faire partie d’aucune société qui excluerait ma meilleure amie.

Cette décision mortifia beaucoup Madame de Craye ; elle savait par Madame de Livaur que Suzanne avait l’intention de faire un don considérable à l’œuvre de *** ; sacrifier l’intérêt de la société qu’elle présidait était contraire à ses devoirs ; revenir sur un arrêt, contraire à sa dignité. Madame de Craye, forcée de choisir entre ces deux alternatives, n’osa pas assumer la responsabilité d’une indulgence imposée ou d’une fermeté préjudiciable ; elle réserva sa réponse, se figurant que le don annoncé était la rançon de la brebis galeuse que son zèle avait fait chasser de sa dévote bergerie.

Suzanne n’avait pas été poussée par ce motif à cette donation ; elle s’était proposée de contribuer, selon sa fortune, à une œuvre réelle-