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nu et sans réticence, fut pour Paule un miroir dans lequel il lui fut impossible de ne pas reconnaître son propre roman ; le résultat ironique des beaux rêves de Suzanne souffleta les siens sans pitié, et elle trouva son amie bien plus noble, malgré sa faute accomplie, qu’elle-même dans sa faute incomplète. Suzanne avait dit, à un moment décisif de son récit : « Un enfant m’eût sauvée ! « et Paule n’avait pas su trouver une rédemption dans le bienfait de la maternité. La justice que Madame Brülher avait rendue à son mari conduisit Madame Vassier à se demander si elle ne dépréciait pas trop le sien, et pour mieux la retenir dans cette voie d’examen et de doute, la sérénité de Suzanne lui révélait un état inconnu, élevé au-dessus de la banale indifférence, au-dessus des agitations haletantes de la passion, état auquel Paule aspirait comme à un repos ; mais elle ignorait encore comment Suzanne était parvenue à ce port d’où elle défiait les orages.

Pendant que Madame Vassier donnait tort, par ses sages réflexions, à la réputation de légèreté qui lui était acquise, l’indignation contre elle était à son comble dans la coterie de Madame de Craye. L’incident de l’éventail avait fait déborder la mesure de l’indulgence ; la jeune