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On ne saurait trop le répéter, il ne suffit à la vertu d’être la vertu pour opérer le bien ; si elle veut faire des adeptes, elle doit se rendre aimable. Ni la certitude du bon sens, ni la force de l’expérience, ni les ressources variées de l’esprit n’ont l’influence, la douce persuasion d’un mouvement du cœur.

Suzanne avait plus fait en quelques heures pour retenir Paule sur le penchant d’une chute que la coalition des bonnes âmes en une année ; Paule avait considéré comme des êtres d’une nature différente de la sienne ces vieilles femmes ignorantes de la passion et accessibles seulement à la crainte du péché ; et elle mesura ses torts en écoutant le récit des épreuves de son amie. La délicatesse avec laquelle Madame Brülher avait évité tout rapprochement entre ses erreurs et celles de Paule, n’avait pas voilé à celle-ci les rapports visibles de leurs deux histoires ; si Suzanne n’avait fait aucune allusion à l’enfant pas de Madame Vassier, pas une de ses intentions n’avait été perdue, grâce au sens droit qui lui avait fait exposer toutes les conséquences de ses fautes.

La conscience, une fois éveillée dans un esprit foncièrement sain, est à elle-même son plus inexorable juge ; la vie de Suzanne, exposée à