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flambe sous le soleil couchant, je le trouve presque beau.

— Tu peux tirer de ces différentes appréciations une conclusion aussi juste que philosophique, ma chère Allemande, et je m’étonne que tu ne l’aies pas déjà trouvée.

— Quelle conclusion, amie ?

– C’est, petite Lina, que si l’on veut admirer n’importe quoi, il faut le regarder de loin.

— Ma tante est méchante aujourd’hui ; elle a de l’esprit à la française, répondit la jeune fille en faisant une moue qui allongea ses jolies lèvres roses et contracta ses sourcils châtains, doucement arqués au repos.

— Ne décompose pas ta figure à chaque instant, Lina, dit la tante avec gravité. Pendant que nous vivions en famille, je t’ai laissée te livrer à ta vivacité, et j’aimais à voir se traduire tous tes sentiments sur ta gentille physionomie ; mais songe que tu vas être présentée tout à l’heure à trente personnes, et souviens-toi qu’en France, le beau idéal du maintien pour une jeune fille consiste dans un certain calme modeste dont elle ne doit jamais se départir. »

Par une malice que ses dix-huit ans rendaient excusable, Lina fit subir à ses traits trois ou