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sis à cacher pendant mon séjour dans le Mâcon nais l’agonie de mon cœur, c’est inutile à dire aujourd’hui. Inutile aussi de vous apprendre quel malheur vint compléter la transformation qui s’opérait en moi. Je vous ferai cette confidence plus tard, si vous la jugez nécessaire. Vous connaissez dès à présent tout ce que vous avez intérêt à connaître. Vous savez la valeur de l’amour de Christian. Je prévois une objection bien naturelle et dont mon orgueil ne conteste pas la force. Vous lui inspirez peut-être une passion plus sérieuse que celle dont je viens de vous conter les défaillances et la puérilité.

— Suzanne, s’écria Paule, je vous jure que cette idée ne m’est pas venue à l’esprit. Qui mieux que vous mérite d’être aimée ! Je suis jolie, peut-être, mais vous êtes belle ; je suis agréable, on le dit, mais vous avez ce don si rare : le charme. D’eux-mêmes les enfants vous sourient, les vieillards vous admirent, et il n’est pas un homme qui ne soit fier d’un de vos regards. Si vous n’avez pas réveillé l’âme engourdie de Christian, que puis-je espérer, moi ? Votre récit m’effraie, car je l’aime, Suzanne, et pourtant je ne veux pas, oh ! je ne veux pas subir ce que vous appelez une agonie de cœur. C’est près de vous que je viendrai chercher la force qui me manque.