che retenue par deux barreaux de la galerie du char-à-bancs. J’avais cru à tort mon conducteur silencieux de sa nature ; il ne m’avait rien dit parce qu’il ne savait sans doute comment parler à une dame, mais il se vengea de ce laconisme en causant avec l’ouvrière. Le pas mesuré de Fend-l’Air se prêtait à cette conversation. Je fus longtemps à n’entendre que le bruit de leurs deux voix sans percevoir rien de ce qu’ils disaient ; j’étais encore sous l’impression du coup qui venait de trancher à vif dans mon cœur ; peu à peu mon exaltation se fondit dans une sorte de langueur accablée, et j’écoutai sans m’en douter ce que disaient mes compagnons de voyage.
— Et vous êtes contente maintenant que vous, avez le petiot ? demandait le conducteur.
— Oui, père Ledru, tout à fait bien. D’être papa, cela a changé mon homme.
— Sans vous offenser, il en avait bon besoin. Quel joueur et quel buveur ! Les gosiers les plus salés d’ici n’étaient rien auprès du sien. Et il vous rendait malheureuse, j’ai entendu parler de cette canuse…
— Que voulez-vous, père Ledru, il a changé, répétait la jeune femme doucement.
— Et même, insista le voiturier, votre père